par Krishna N. Das et Shivam Patel
Le dalaï-lama a fêté ses 90 ans dimanche, après une semaine de célébrations au cours de laquelle il a de nouveau provoqué le mécontentement de la Chine en affirmant que son institution à but non lucratif serait la seule habilitée à identifier sa réincarnation.
Le Prix Nobel de la paix 1989, considéré comme un séparatiste par la Chine qui dit vouloir nommer son successeur, affirme que le prochain guide spirituel naîtra au-delà des frontières chinoises et a exhorté ses fidèles à rejeter toute nomination de Pékin.
Fuyant son Tibet natal en 1959 à la suite d'un soulèvement manqué contre le pouvoir chinois, le 14e dalaï-lama s'est réfugié en Inde avec des centaines de milliers de Tibétains. Depuis, il prône une "voie du milieu" pacifique pour obtenir l'autonomie et la liberté religieuse pour le peuple tibétain.
Vêtu de sa traditionnelle tenue jaune et bordeaux, le dalaï-lama est arrivé dimanche sous les sourires et les applaudissements de milliers de moines et de fidèles qui s'étaient rassemblés par une matinée pluvieuse dans un temple de la petite ville indienne de Dharamshala, où il vit.
"En ce qui me concerne, j'ai une vie humaine et, en tant qu'humains, il est tout à fait naturel que nous nous aimions et que nous nous aidions les uns les autres", a déclaré le dalaï-lama à l'issue d'un spectacle culturel rendant hommage à sa longévité.
"Je vis ma vie au service des autres êtres sensibles", a-t-il ajouté, entouré sur scène de partisans de longue date, dont des diplomates occidentaux, des ministres fédéraux indiens, l'acteur américain Richard Gere et un moine qui devrait diriger la recherche de son successeur.
En signe de solidarité, le président taïwanais Lai Ching-te, les dirigeants des États indiens limitrophes du Tibet et trois anciens présidents américains, Barack Obama, George W. Bush et Bill Clinton, lui ont adressé leurs vœux dans des messages vidéo diffusés au cours de l'événement.
Au cours de la semaine de célébrations qui a précédé, le dalaï-lama a affirmé que le Gaden Phodrang Trust, l'organisation à but non lucratif qu'il a créée pour préserver la culture tibétaine, serait la seule habilitée à reconnaître sa future réincarnation en consultation avec les chefs des traditions bouddhistes tibétaines.
Samedi, il a formulé l'espoir de vivre "plus de 130 ans" afin de "servir les êtres et le dharma autant que possible".
La Chine a déclaré que la succession devra être approuvée par ses dirigeants tandis que les États-Unis ont demandé à Pékin de cesser ce qu'ils ont qualifié d'ingérence.
"PRÉSERVER L'HÉRITAGE"
Les invités réunis pour la cérémonie ont pris la parole à tour de rôle, notamment le ministre indien des Affaires parlementaires et des Minorités, Kiren Rijiju, bouddhiste pratiquant, qui avait auparavant fait une rare déclaration soutenant la position du dalaï-lama sur son successeur, contredisant de fait la Chine.
Il a par la suite précisé que cette déclaration avait été faite à titre personnel, alors que la Chine mettait en garde New Delhi contre toute ingérence dans ses affaires intérieures au détriment des relations bilatérales.
De son côté, le Premier ministre indien Narendra Modi a salué le "symbole durable d'amour, de compassion, de patience et de discipline moral" représenté par le chef spirituel tibétain.
"Je me joins à 1,4 milliard d'Indiens pour adresser nos vœux les plus chaleureux à Sa Sainteté le dalaï-lama à l'occasion de son 90e anniversaire", a-t-il écrit sur le réseau social X.
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a également envoyé un message indiquant que le dalaï-lama continuait d'inspirer les gens en incarnant un message "d'unité, de paix et de compassion".
"Les États-Unis restent fermement engagés à promouvoir le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales des Tibétains. Nous soutenons les efforts visant à préserver l'héritage linguistique, culturel et religieux distinct des Tibétains, y compris leur capacité à choisir librement et à vénérer des chefs religieux sans ingérence", a-t-il dit, selon un communiqué du département d'État.
(Reportage Krishna N. Das à Dharamshala et Shivam Patel à New Delhi, version française Kate Entringer)
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